La Saône-et-Loire, l’un des plus vastes départements de France, est un territoire riche et varié, idéal pour explorer l’art roman. Ce vaste espace, véritable carrefour historique et spirituel, était autrefois occupé par pas moins de quatre diocèses : Autun, Mâcon, Chalon-sur-Saône et, en partie, Besançon. Trois cathédrales illustrent cette organisation ecclésiastique : la cathédrale Saint-Lazare d’Autun, la cathédrale Saint-Vincent de Chalon-sur-Saône et l’ancienne cathédrale Saint-Vincent de Mâcon. Ces édifices témoignent de l’importance religieuse de la région, qui s’étendait sur des paysages variés, des plaines de la Bresse aux collines du Mâconnais, en passant par les vallons du Brionnais et les reliefs du Morvan.
La Saône-et-Loire est marquée plus encore par l’importance de ses fondations monastiques, qui ont joué un rôle central dans le développement de l’art roman. Au cœur de cette dynamique, le Clunisois, avec l’abbaye de Cluny fondée en 910, s’impose comme un centre spirituel et artistique hors norme. L’abbaye de Cluny, véritable phare du monachisme médiéval, a diffusé son influence bien au-delà des frontières de la Bourgogne, essaimant en centaines de prieurés et d’églises à travers l’Europe. Les édifices denses du Clunisois reflètent cette empreinte, mêlant simplicité et monumentalité. L’influence lombarde, perceptible dans les arcatures et les frises en dents d'engrenage ou en dents-de-scie, enrichit encore ce patrimoine, témoignant des échanges culturels qui ont façonné l’art roman. L’église de Chapaize, avec son clocher élancé et ses proportions harmonieuses, est un exemple emblématique de cette architecture clunisienne. Le Maconnais témoigne de cette même influence Clunisienne et lombarde.
Tournus, avec l’abbaye Saint-Philibert, représente une sorte d'apogée du premier art roman lombard. Cet édifice unique, sobre et puissant, illustre la transition entre les premières constructions rurales et les grandes réalisations romanes. Ses voûtes en berceau et son décor épuré témoignent d’une architecture fonctionnelle et spirituelle, où chaque détail magnifie l’espace sacré.
Au sud-ouest, le Brionnais est un véritable "jardin roman" où chaque village semble abriter un trésor qui lui est propre. Plus de 100 édifices y sont disséminés, souvent nichés dans des paysages verdoyants. Paray-le-Monial, fille de Cluny est encore une autre chef-d’œuvre de l’architecture clunisienne, avec sa basilique. Des églises comme celles de Semur-en-Brionnais ou d’Anzy-le-Duc se distinguent par leurs clochers élancés et leurs tympans sculptés.
Au centre Ouest, le Charolais se distingue également par ses joyaux romans. Paray-le-Monial en est l’exemple le plus emblématique, mais d’autres sites remarquables enrichissent cette région. Perrecy-les-Forges, avec son église prieurale ornée, témoigne de l’influence clunisienne. Mont-Saint-Vincent et Gourdon, perchés sur leurs collines, offrent des églises particulièrement originales.
Enfin, l’Autunois, au nord-ouest, marque l’apogée de l’art roman avec la majestueuse cathédrale Saint-Lazare d’Autun. Ce chef-d’œuvre du XIIe siècle est célèbre pour son tympan sculpté représentant le Jugement dernier, œuvre du maître Gislebertus, et ses chapiteaux finement décorés. La cathédrale illustre la maturité et le raffinement de l’art roman, mêlant monumentalité et détails sculpturaux d’une grande expressivité.
D'une façon plus personnelle, cette carte doit beaucoup au regretté Cees van Halderen ✝, qui a consacré une grande partie de sa vie à photographier les églises romanes de Saône-et-Loire, des plus majestueuses aux plus confidentielles. De nombreux liens renvoient vers ses albums photos, véritables trésors documentaires, que l’on espère voir perdurer en ligne encore longtemps. Son travail, d’une exhaustivité remarquable, reste une référence précieuse pour tous les passionnés d’art roman. Je conserve le souvenir de ma semaine dans son gîte, à la tuilerie de Chazelle qui m'a permis de réaliser de nombreux clichés.