Le Cantal est dominé par le massif du Mont Cantal et ses contreforts, qui occupent une grande partie du territoire au cœur de l’Auvergne. Ici, l’architecture romane s’exprime en retrait du volcan, dans une sobriété et une authenticité qui traduisent à la fois la rudesse du climat, la richesse minérale du sous-sol et une forme de modeste prospérité. La pierre volcanique et le granite, omniprésents, confèrent aux édifices romans leur teinte sombre, leur robustesse et leur parfaite intégration au paysage. Jusqu’à la création du diocèse de Saint-Flour, l’ensemble du département relevait du diocèse de Clermont.
Au Nord-Ouest, sur les pentes encore douces de la rive gauche de la Dordogne, le Mauriacois concentre la plus grande densité d’édifices romans. On y retrouve l’influence du Limousin, perceptible notamment dans les baies limousines, mais aussi des caractéristiques propres, comme les chapiteaux cubiques de style « mauriacois ». Les modillons y sont particulièrement originaux et bien conservés. Parmi les sites les plus représentatifs, citons Mauriac et sa basilique Notre-Dame-des-Miracles, Ydes, ou encore Moussages (Vierge romane). En bordure du pays de Mauriac, Lanobre tout au nord et Riom-ès-Montagnes plus à l’est méritent également d’être mentionnées.
Au Nord-Est, le Sanflorain, autour de Saint-Flour et des plateaux de la Planèze, offre un autre visage du roman cantalien, sans que l’on puisse dégager de caractéristiques vraiment spécifiques. On peut citer Bredons, dont la rare statue reliquaire en bois est conservée au musée de Saint-Flour, ou encore Roffiac, avec son église sombre, proche de celles du Velay, dotée d’un ample chevet polygonal décoré d’arcatures parfois polygonales.
Au Sud, l’art roman se fait plus rare. Au Sud-Ouest, en Aurillacois, on compte deux édifices qui conservent des arcs en mitre (Saint-Géraud à Aurillac et l’église de Lascelle). Maurs conserve une étonnante statue reliquaire en bois aux mains disproportionnées. À l’extrême Sud-Est, en Aubrac, à la limite du Rouergue et du Gévaudan, Saint-Urcize possède une église « rouergate » très attachante, avec son déambulatoire parmi les plus petits qui soient et ses couleurs chaudes si soigneusement agencées.
Les églises du Cantal, par leur isolement, leur modestie et leur parfaite intégration au paysage, offrent un témoignage précieux d’un art roman rural et multiple, que l’on peut facilement opposer à la monumentalité des basiliques de la Basse Auvergne. Le voyageur attentif saura apprécier la beauté silencieuse de ces sanctuaires, où la pierre, le paysage et la lumière composent une harmonie intemporelle, fidèle à l’esprit roman de l’Auvergne profonde.
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