samedi 9 juillet 2016

16 - Charente romane



La Charente romane semble faire l'objet d'un relatif oubli depuis la parution en 1961 du volume "Angoumois roman" par Charles Daras dans la célèbre collection "La Nuit des Temps" des éditions Zodiaque. Pour mieux comprendre cette carte, il faut replacer le petit diocèse d’Angoulême au centre de 4 grands diocèses bien plus vastes qui l'entourent respectivement au Nord, à L'Est, au Sud et à l'Ouest: Poitiers, Limoges, Périgueux, Saintes. Quatre diocèses, quatre villes renommées qui forment un “carré magique” avec Angoulême comme centre.

Juchée sur l'éperon rocheux du vieil Angoulême qui fait face à la Charente, la cathédrale d'Angoulême occupe une place très centrale. Édifice à nef unique sous files de coupoles. Elle est remarquable pour sa façade Ouest qui concentre un nombre inédit de statues ou de bas-reliefs dans un réseau stratifié de corniches, de frises, de voussures, de médaillons que domine un Christ dans sa mandorle entouré du tétramorphe. Cette façade a servi de modèles à d'autres édifices proches que sont l'abbatiale de Saint-Amand de Boixe (façade Ouest du transept Nord) ou les églises de Linars et de Saint-Saturnin qui conservent de rares tympans. Sur cette partie centrale du département, beaucoup d'édifices ont perdu de leur cachet. La cathédrale d'Angoulême a été considérablement remodelée par Paul Abadie, tout comme l'église de Châteauneuf-sur-Charente ou celle de Saint-Michel d'Entraigues si particulière avec son plan fleuri.

Au Nord, le département de la Charente nous donne de très beaux exemples de l’art roman Poitevin avec Lichères et Cellefrouin. Deux superbes édifices particulièrement soignés avec des chapiteaux lisses à spirale ou à feuilles grasses.

Au Nord-Est, les toutes premières pentes du massif central annoncent un changement de décor et de couleur avec de très beaux exemples anciens d’architecture Limousine (Lesterps, Chassenon, ...)

Au Sud-Est, la transition se fait en douceur avec le Périgord présente un caractère souvent rustique, ce qui n’exclut pas le raffinement des portails.

A l’Ouest, la rivière Charente fait le trait-d'union vers la Saintonge et l'abbaye aux Dames de Saintes. C'est sur cet axe Angoulême - Saintes que sont présents nombre d'églises qui présentent une nef à file de coupoles, particulièrement autour de Cognac. Gensac-la-Pallue, Bourg-Charente et Châtres représentent des modèles aboutis.

Le Sud du département présente une très rare concentration de petits édifices moins spectaculaires bâtis en petit appareil à associer au premier art roman. Enfin à l’extrême Sud du département, l'église monolithe d'Aubeterre est simplement hors normes.

Quelques caractéristiques que l'on peut dégager de l'art roman en Charente: Des édifices modestes à nef unique, souvent bâtie en petit appareil et coiffée d'au moins une coupole sur pendentif, des réseaux d'arcatures très présents sur l'ensemble du bâti. Une façade généralement tripartite héritée des modèles poitevins, avec souvent un haut-relief (animal, personnage) inséré dans le demi-disque sous chaque arcature latérale. Les chapiteaux d'abord très sobres ornés d'une simple spirale évoluent vers des simples feuillages (feuilles un peu grasses) puis vers un très riche décor de dentelle végétale.

Si on exclut la Charente limousine, les influences sont poitevines, saintongeaises et périgourdines, la Charente est un concentré d’art roman du centre-Ouest de la France avec une des plus fortes densités d’édifices romans en France et en Europe. 

Mainzac - Eglise Saint-Maurice (16)

Marthon - Eglise Saint-Martin (16)

Marthon - Ancien prieuré Saint-Sylvestre de Saint-Sauveur (16)

Marillac-le-Franc - Eglise Saint-Didier (16)

Feuillade - Eglise Saint-Pierre (16)

Vouthon - Eglise Saint-Martin (16)

samedi 25 juin 2016

86 - Vienne romane



Au confins du bassin parisien et du bassin aquitain, du massif armoricain et du massif central, le département de la Vienne occupe une place centrale dans l'Ouest de la France. Capitale du Poitou, Poitiers, ville ancienne et antique bâtie sur un vaste promontoire, est au centre d'un vaste diocèse qui comprenait au moyen âge intégralement et au delà même les départements actuels de la Vendée, des Deux-Sèvres et de la Vienne.

Poitiers est un épicentre de la création romane en France avec notamment quatre édifices majeurs  encore significativement conservés que sont Saint-Hilaire-le-Grand, Notre-Dame-la-Grande, Saint-Jean-de-Montierneuf et Sainte-Radegonde. La visite de ces quatre monuments permet de dégager quelques grandes caractéristiques de l'art roman Poitevin: De grandes nef voûtées à bas côtés et déambulatoire, de grandes fenêtres, une décoration d'abord contenue au XIème siècle favorisant les représentations végétales à l'image des feuilles grasses ou les appareillages réticulés, puis foisonnante au XIIème siècle. On pense bien sur ici à la façade-écran de Notre-Dame la Grande qui semble sur-représenter dans l'inconscient collectif le traitement particulier des façades Poitevines. Poitiers est une ville également sans pareille pour ses monuments préromans tout aussi uniques que sont l'hypogée de Dunes et le baptistère Saint-Jean qui conserve aussi de superbes fresques romanes.

Au Sud du département, la rotonde centrale de Charroux vient consolider cette idée de grandeur du XIème siècle mais aussi d'audace puisque peu d'édifices à rotonde demeurent visibles en France.

A l'Est du département, au bord de la Gartempe, Saint-Savin présente un édifice assez homogène du XIème siècle qui conserve un ensemble exceptionnel de fresques romanes en particulier dans sa nef et dans son narthex. Montmorillon présente 3 sites romans originaux.

La rivière Vienne, compte de très nombreux sites prestigieux, Civaux, Saint-Pierre-les-Eglises, Charroux, Ingrandes.

Au Nord du département, la pierre de tuffeau donne un coloration particulière aux édifices qui luer donne une caractéristique toute angevine.